Friday, January 05, 2018

Citation du 6 janvier 2018

Les richesses donnent de la générosité aux âmes élevées, de la présomption aux âmes communes, et de l'insolence aux âmes basses.
Chauvot de Beauchêne – Maximes, réflexions et pensées diverses (1819)

Moi qui ne joue jamais, je m’offre ce plaisir gratuit de regarder un homme ou une femme qui a acheté son « truc-à-gratter » et qui, à peine sorti du bureau de vente gratte son billet. Lire sur son visage l’expression qui s’y peint avant et après l’opération est un délice, certes fort peu charitable, qui me donne le plaisir de ne pas avoir joué. Car à peine cette opération – qui n’a duré que 2 ou 3 secondes – terminée, nous voilà à égalité, lui et moi, sauf que moi, ça ne m’a rien couté.
L’espoir déçu… Mais quel espoir ?
o-o-o
Supposons que vous soyez un joueur de « truc-à-gratter », et que quelqu’un vienne vous demander : « Dis-moi, qu’est-ce que tu ferais si tu gagnais ? » Répondriez-vous « Je partirais en vacances  aux Bermudes » ? Ou bien « J’achèterais une maison neuve à mes parents » ? Ou bien tout simplement : « Si je gagne un jour je me cacherai si bien que tu ne le sauras jamais parce que ça ne te regarde pas ».

Mais en réalité, la véritable raison qui pousse à jouer, ce n’est pas le gain, mais l’espoir de gagner, en sorte que les gens devraient répondre qu’avec ces jeux ils gagnent à tous les coups, parce que ce qu’ils achètent, c’est du rêve.
Du coup, il est inutile de chercher à savoir en quoi consiste cet espoir car ce n’est qu’après coup, quand on a jeté le billet (ou bien acheté avec le gain un tas d’autres billets), qu’on le désigne, car c’est une construction a posteriori.
Le jeu de hasard, c’est une rupture, un trou dans la durée : le moment où le joueur gratte son billet est extraordinaire car il fait que l’instant suivant est totalement indéterminé. Je parle bien sûr uniquement des jeux de hasard, parce qu’ils sont les seuls à offrir pareille chance de gagner que l’on soit savant ou ignorant, riche ou pauvre, puissant ou miséreux ; qu’on en soit à la millième tentative de la semaine ou bien à la première de l’année.

Nulle autre expérience de la vie quotidienne ne peut offrir pareille sensation.

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