Tuesday, April 25, 2017

Citation du 26 avril 2017

Il s’agit de savoir comment on gouvernera. Depuis toujours, il n’y a que deux méthodes : la force ou la ruse.
Aragon – Les Beaux Quartiers
Machiavel a dit « selon les circonstances, le Prince doit être un renard et puis un lion » : mis à part le fait qu’il écrive un « et » là où Aragon met un « ou », il n’y a aucune différence. La raison en tout cas est absente du principe du gouvernement, et diriger un peuple en faisant appel à son consentement éclairé est purement une utopie.
Alors tout le monde le sait, mais personne ne l’accepte vraiment. On parle de démocratie participative qui rapproche le peuple de la prise de décision du pouvoir ; certains osent aller encore aujourd’hui jusqu’à espérer l’autogestion – et pour le moins, les citoyens estiment qu’ils élisent leurs gouvernants sur la base d’engagements chiffrés ce qui leur donnerait le droit de les chasser lorsqu’ils ne suivent pas le cahier des charges.

Le machiavélisme est-il un cynisme ? Ou bien, devons-nous croire que le peuple est comme un animal gouverné par ses passions et ses envies, ce qui le rend inapte à obéir de façon raisonnable ? La manipulation des masses reste-t-elle indispensable quand bien même on ferait le bien du peuple – une sorte de méthode d’action justifiée par la nature de ceux qui lui sont assujettis ? Déjà les romains réclamaient du pain de des jeux – on dirait aujourd’hui du foot et de la bière – pour accepter le joug de l’empereur.
Bref : pourquoi serions-nous si différent de nos ancêtres au point d’être scandalisés lorsque nos Présidents prennent une direction opposée à celle de leurs promesses ? Méritons-nous mieux ? Je veux dire : méritons-nous d’être gouvernés en toute franchise ?
En pareil cas, on cite toujours Churchill promettant à ses compatriotes « du sang et des larmes » (1) : est-ce donc un cas si exceptionnel qu’on en parle encore 70 ans après ? Peut-être… Seulement on oublie de dire que Churchill n’apprend rien à ses concitoyens : le guerre est là, et personne ne peut l’ignorer.
L’idée alors serait qu’on se détourne de la vérité tant qu’on le peut, ne la voyant que lorsqu’il est trop tard pour lui échapper. En attendant, voilà nos Présidents qui nous promettent des lendemains qui chantent…
Notez bien que Churchill promettait lui aussi un avenir radieux : il appelait ça « la victoire ». Il faut ce qu’il faut.
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(1) « Je n’ai rien d’autre à offrir que du sangde la peine des larmes et de la sueur » Churchill Discours aux communes le 13 mai 1940

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