Thursday, April 20, 2017

Citation du 21 avril 2017

Les riches héritent, les pauvres n'ont pas de parents.
Baltasar Gracian (1601-1658)

« Loin de favoriser l’égalité des chances, l’école participe à la reproduction des inégalités sociales et légitime ces inégalités par un discours méritocratique. L’école transmuerait ainsi l’héritage différencié de certaines dispositions culturelles en inégalités sociales et rendrait acceptables ces inégalités en les attribuant au mérite personnel des élèves. »
Anne Jourdain et Sidonie Naulin – Héritage et transmission dans la sociologie dePierre Bourdieu (2011)
De Baltasar Gracian à Bourdieu, peu de différence dans l’appréciation : les pauvres n’héritent de rien, les riches de tout. Car ce n’est pas seulement le patrimoine économique ou la position sociale qui se transmet de père en fils. C’est aussi le patrimoine culturel,  dont la transmission est assurée par la famille mais sous couvert de l’école.
Les pauvres n’ont pas de parents parce qu’ils n’ont pas d’héritage. Est-ce sûr ? Et si cet héritage était comme pour les classes aisées la capacité à s’insérer dans la société là où étaient leurs parents ? On m’objectera certes que ce n’est pas bien compliqué d’hériter de la charge de balayeur de rue comme-Papa ! Où qu’on préfère taper dans un ballon plutôt que de lire La Princesse de Clèves, lorsqu’il n’y a aucun livre dans la maison.
Mais ce n’est en réalité que mépris pour les classes « populaires », car on les juge à l’aune des critères des bourgeois : « Ces gens-là n’ont pas même une salle de bains : le croiriez-vous très chère ? ». – L’essentiel est dans la cohésion face à l’adversité et dans les moments de fêtes que permettent les travaux des champs, dans la campagne d’autrefois.

Ce que cet « héritage » ne permet pas, toutefois, c’est de se hisser dans l’échelle sociale. Une véritable révolution consisterait à établir l’égalité dans les critères de classement égalité résultant de leur égale distribution.

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