Friday, March 17, 2017

Citation du 18 mars 2017

Contre l'imprévisibilité, contre la chaotique incertitude de l'avenir, le remède se trouve dans la faculté de faire et de tenir des promesses.
Hannah Arendt - 1906-1975 - Condition de l'homme moderne - 1958
Hannah Arendt – Une philosophe se penche sur l’avenir 2
(En cette période où l’incrédulité le dispute au dégoût devant les puanteurs dégagées par la campagne électorale française, voici un peu de lucidité, venue d’ouvrages écrits il y a plus de 50 ans par la philosophe Hannah Arendt. Ce qui était vrai en 1958 l’est resté aujourd’hui et c’est d’autant plus signifiant que nous étions prévenus)

Devant la « chaotique incertitude de l’avenir », nous n’avons que deux attitudes possibles : nous en remettre à un ordre supérieur issu de la nature ou la Providence, admettant que le chaos n’est en réalité que le reflet de notre ignorance. Ou alors chercher l’homme providentiel qui connaitra ces forces,  qui sera assez puissant et qui pourra peser sur le cours des choses.

Seulement voilà : encore faut-il avoir confiance en lui. « Je vous ai compris ! » criait de Gaulle aux algérois qui demandaient le maintien de l’Algérie française en 1958, juste avant de négocier avec le FLN et de signer les accords d’Evian. Si on ne pouvait alors avoir confiance dans la personne du Général, en qui pourrions-nous, aujourd’hui, avoir confiance ?
Car, notez la difficulté dans la quelle nous sommes : nous (= les français dont je sonde chaque matin les cœurs et les reins) avons peur de l’avenir parce que nous devinons qu’il n’est pas un chemin de roses ; et voilà que nous avons à choisir, entre plusieurs candidats, le dirigeant dont non seulement on approuve les promesses, mais en qui nous pouvons en plus avoir confiance qu’il les tiendra. Or, bien malin qui devinera celui en qui nous pouvons avoir cette double confiance. Car enfin, si le programme déroulé durant la campagne électorale donne bien un indice du premier, il reste néanmoins silencieux quant à la confiance qu’on peut avoir dans le candidat en question. Inutile de rappeler les campagnes précédentes : la surprise c’est bien que les électeurs se plaignent d’avoir été trompés alors que c’était évident que les promesses étaient intenables (1).
Qui donc pourrait se satisfaire d’une telle situation ? Ceux qui, stoïquement s’en remettent à la Nature ou à l’Histoire estimant que les actions humaines n’y peuvent rien ? Ou alors ceux qui ont une vision prométhéenne de l’avenir ?

Mais il y a aussi les petits malins qui demandent justement que rien ne vienne discipliner l’avenir, et qui espèrent que du chaos sortira un avenir radieux. Le coup de pied dans la fourmilière, et on verra bien ce que ça donnera…
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(1) Certains ironisent : en période électorales, les programmes consistent à demander plus à l’impôt et moins au contribuable…

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