Thursday, January 05, 2017

Citation du 6 janvier 2017

On ne saurait stigmatiser par trop d’expressions le vice de ces hommes souples et trompeurs toujours prêts à parler comme vous le voulez, non comme la vérité l’exige.
Cicéron / De Amicitia
Je suis de tous les partis / Je suis de toutes les patries / Je suis de toutes les coteries / Je suis le roi des convertis. (…) Moi je ne fais qu'un seul geste / Je retourne ma veste, je retourne ma veste / Toujours du bon côté
Jacques Lanzmann – Jacques Dutronc – L’opportuniste (à lire ici – à écouter ici)

Certes, le propos de Cicéron peut paraître d’une grande banalité ; il n’en reste pas moins non seulement actuel, mais encore utile à rappeler. Car n’entendons-nous pas chaque jour des politiciens  se lancer dans des affirmations dont la seule valeur est d’être tenue pour vraie par leur auditoire, quand bien même on les saurait de toute évidence faux ou  mensongers. Et je ne parle des politiques que parce que cette pratique est pour eux déshonorante, alors qu’on la tient pour normale de la part des commerciaux qui ne le font que par intérêt économique.
- Exemple : on a entendu un récent candidat à une élection dire que les paquets neutres de cigarettes nous mèneraient à des bouteilles de vins étiquetés de la même façon ; ou bien que tout français devait considérer les gaulois comme ses ancêtres : on se dit alors « Il n’est pas possible qu’il pense de telles imbécilités ; mais s’il les profère c’est parce qu’il croit pouvoir être élu comme ça. »
L’idée est que s’il y a une excuse à la bêtise – à vrai dire personne ne choisit de l’être – en revanche l’opportunisme est une attitude condamnable parce qu’elle est à la fois choisie et responsable. La chanson que Jacques Lanzmann a signée pour Jacques Dutronc le dit : l’opportuniste ne cesse jamais de l’être, car il suit son intérêt personnel, le quel n’est jamais assouvi : c’est la soif du pouvoir.

Ce qui est terrible en politique, c’est qu’on peut toujours douter de la pureté des intentions du politicien : toute politique a toujours deux faces – l’une tournée vers le bien public ; l’autre vers la conquête ou la conservation du pouvoir. Seulement quand il arrive que le « bien public » au quel on prétend concourir ne serve que l’intérêt des lobbies pourvoyeurs de capitaux, alors le doute n’est plus permis. Il ne s’agit pas d’incompétence ni de bêtise : il s’agit de cynisme.

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