Tuesday, August 02, 2016

Citation du 3 aout 2016

L'amour n'existe plus. La religion, sa nourrice, a les mamelles pendantes comme une vieille bourse au fond de laquelle il y a un gros sou.
Alfred de Musset – Fantasio (1834)


(Oui, la religion, comme nourrice, elle ne fait pas envie).

La religion, nourrice de l’amour. Voilà une information de première importance, tant pour comprendre l’origine de l’amour que pour évaluer la fonction religieuse.
D’abord, il convient de rappeler que depuis l’antiquité on distingue deux formes d’amour : l’amour-éros et l’amour-agapè. Le premier concerne le désir sexuel et tout ce qui va avec ; le second est cet amour spirituel qu’on rencontre avec l’amour divin et aussi certaines formes d’amour inconditionnel et romantique chez les humains. Du coup on n’est pas trop surpris de trouver ce jugement sous la plume de Musset, parce que nous savons bien que cette dévitalisation de l’amour spirituel, qui laisse libre cours à l’amour charnel, ne paraît pas trop le gêner (1).
Oui, s’il est vrai que la religion soit une forme parmi d’autres de spiritualité, alors elle a pu donner naissance à des adorations très profanes mais vécues come une transcendance absolue. Le philtre d’amour (2) qui a uni Tristan et Iseult montre cette forme d’amour humain qui n’est pas seulement inconditionnel, puisqu’il s’accompagne d’une adoration qu’on croirait réservée à Dieu.

Maintenant, de quoi est fait l’amour véritable, je veux dire non pas l’amour qui se dévoile dans les mythes mais celui qui s’épanouit au grand jour ? A lire certains poèmes qui nous sont proposés sur Internet, l’amour-agapè existe toujours, mais il est mêlé de façon inextricable avec l’amour-éros. Ce qui paraissait si évident, je veux dire : la partition de l’amour en deux formes différentes et séparées par une cloison étanche – l’un tourné vers la chair, l’autre vers l’âme – ne l’est finalement pas tant que ça. En réalité, même si l’amour « vulgaire » est toujours un amour charnel, il n’est pas étranger à l’amour céleste, uniquement tourné vers l’âme (3).
Comme le disait Céline : « L’amour, c’est infini à la portée des caniches ». (Cité le 30/06/2006)
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(2) « La puissance du philtre est telle qu’après absorption, les amants sont épris et heureux pendant trois ans, et qu’une séparation leur serait insupportable, voire fatale » dit Wiki. Comme le dit Frédéric Beigbeder, l’amour dure trois ans. On vérifie ainsi que l’auteur du roman éponyme a des lettres classiques. 

(3) Rappelons que dans le Banquet, Platon, via le Discours de Pausanias, réserve cet amour à celui qui se détourne des femmes pour aller vers les garçons.

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