Monday, June 27, 2016

Citation du 28 juin 2016

Il y a chance que nos gouvernants soient obligés d'user largement de mensonges et de tromperie pour le bien des gouvernés; et nous avons dit quelque part que de pareilles pratiques étaient utiles sous forme de remèdes.
Platon – La République 459d

C'est donc aux gouvernants de l'État qu'il appartient, comme à personne au monde, de recourir à la fausseté, en vue de tromper, soit les ennemis, soit leurs concitoyens, dans l'intérêt de l'État ; toucher à pareille matière ne doit appartenir à personne d'autre.(…)
Platon – Idem
Quel cynisme ! Platon aurait donc anticipé d’un millénaire Machiavel ? Nos politiciens magouilleurs pourraient-ils nous dire : « Ne nous insultez pas ! Si nous vous avons menti, c’est dans l’intérêt supérieur de l’Etat – c’est-à-dire de vous, et nous n’avons fait que suivre le précepte Platon – Platon dont par ailleurs tout le monde se réclame »
Dans le même temps, retrouvons (ici) les passages où saint Augustin condamne le mensonge, quelque soit le projet qui le justifie, considérant que la bonne foi est l'unique base sur la quelle peuvent s’édifier des rapports humains authentique.
Du coup on se doute que Platon ne parle pas du tout de la même chose : comparant les citoyens à des petits enfants malades qui rechignent à prendre leur remède, il justifie le mensonge comme faisant partie du traitement. De même que le médecin met du miel sur le bord de la coupe contenant le médicament que le malade va boire sans soupçonner son amertume, le mensonge n’est qu’un moyen de faire accepter les mesures que le chef de l’Etat doit prendre dans l’intérêt du pays. Donc le mensonge doit disparaître, être oublié, dès lors que les réformes ont été acceptées, que ce soit l’augmentation des taxes ou des impôts, ou les lois d’exception liberticides.
--> Le mensonge serait donc justifié à la condition qu’il soit le fait des gouvernants qui agissent dans l’intérêt de l’Etat et non dans leur intérêt particulier. Quand aux citoyens qui s’offusquent des mensonges de leurs gouvernants, qu’ils se regardent un peu dans la glace et qu’ils se disent « je ne suis qu’un enfant irresponsable, et c’est pour cela qu’il a été juste de me mentir. La seule question qui importe, compte tenu de ce que nos dirigeants nous ont fait accepter, c’est : « est-ce que ça va mieux maintenant ? »
Pourquoi pas ? Sauf que le mensonge, s’il ne jette pas le discrédit sur les ministres et chefs d’Etats, humilie ceux qui ont été trompés : « On vous a menti ? Mais est-ce que vous méritiez autre chose ? Le jour où vous serez capables de vouloir autre chose que votre petit intérêt particulier, oui : ce jour-là on ne vous mentira plus ! »

- Une exception : durant la campagne électorale de 2012, j’ai eu le sentiment que les électeurs savaient très bien que les candidats à la Présidentielle leur mentaient (y compris « Moi-Président ») Ils le savaient mais ils aiment ces mensonges, c’était comme une gentille berceuse : il sont voté pour celui qui chantait le mieux.

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