Wednesday, February 03, 2016

Citation du 4 février 2016

Si nous ne voulons pas être une société de moutons domesticables et manipulables par toutes les formes de pouvoir, y compris celui de la science, il faut défendre la littérature.
Mario Vargas Llosa – Le Monde de l'éducation - Avril 2000
C’est avec beaucoup d’humilité que j’aborde cette citation. Déjà parce que je voue une admiration sans bornes Mario Vargas-Llosa et que je ne voudrais ni falsifier ni affadir sa pensée ; ensuite parce que son acte de foi envers la littérature est bien délicat à décrypter.
Car après tout, ne faudrait-il pas plutôt vanter la liberté de réunion et d’expression des opinions politiques ou religieuses ? Que valent-ils, les littératreux, devant les avancées de la science ? Quelle prétention que de vouloir maitriser le destin politique et social d’un peuple avec la plume du romancier ?

Il y a toutefois un auteur qui a semblé correspondre à ce romancier capable de libérer tout un peuple, et cet homme c’est Victor Hugo. S’il a été un exemple d’opposant au pouvoir politique, ce fut certes par ses discours politiques ; mais ensuite, grâce à son génie poétique, il parvint à imprégner son œuvre littéraire de ses grandes et généreuses options politiques.
« Tant qu’il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers, et compliquant d’une fatalité humaine la destinée qui est divine ; tant que les trois problèmes du siècle, la dégradation de l’homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l’atrophie de l’enfant par la nuit, ne seront pas résolus ; tant que, dans de certaines régions, l’asphyxie sociale sera possible ; en d’autres termes, et à un point de vue plus étendu encore, tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles. » Victor Hugo – Préface des Misérables
Voilà la réponse : la littérature donne à la pensée humaine le souffle sans le quel rien de grand ne peut se faire. Et par rapport à elle, tout le reste paraît petit.
Oui, c’est peut-être cela qui compte : juché sur les épaules de Hugo, le peuple pouvait voir que Napoléon était vraiment petit.

Et aujourd’hui ? C’est vrai que nous avons des armées d’humoristes et de polémistes qui s’épuisent à rétrécir les politiciens qui nous gouvernent. Mais qui donc rabattra à leur juste niveau les Grands Patrons et les loups de la finance ?

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