Thursday, April 02, 2015

Citation du 3 avril 2015

Rien n'est, pour Moi, au-dessus de Moi!
Stirner – L’unique et sa propriété
Commentaire II
Nous avons vu hier comment Stirner argumentait sa valorisation de l’égoïsme.
Maintenant, venons-en aux objections.
La plus évidente se trouve en dehors de la morale au sens traditionnel.
On dira en effet : admettons que quelqu’un cherche à sauver sa peau, et que du coup, il vive, pense, aime pour lui seul. Mais comment peut-il être naïf au point de croire que c’est grâce à cet isolement qu’il trouvera la satisfaction de ses besoins et de ses désirs les plus élémentaires ? Pouvons-nous être aimé sans aimer et sans nous dévouer pour l’autre ? Et comment espérer sauver sa peau sans réciprocité ?
Famille, tribu, totem, clan, patrie : le groupe humain solidaire a toujours été la condition de l’existence de chacun. Ajoutons même que l’homme n’a jamais eu à choisir de « faire société » avec les autres hommes : il a toujours été dans la société, et il a toujours évolué comme être social. Etre-avec est son essence, et c’est plus naturel qu’être l’individu unique de Stirner. Et d’ailleurs s’il a pu concevoir ce splendide isolement, c’est parce qu’une femme l’a porté protégé et nourri durant son enfance, parce qu’un groupe humain l’a accueilli, éduqué et rendu autonome. L’égoïsme est un vice qui consiste à refuser de rendre ce qu’on a reçu.

Soit. Reste que le message de Stirner est toujours présent : admettons que nous ayons à rendre ce qu’on nous a donné. Mais jusqu’où cela va-t-il ? Peut-on affirmer comme Rousseau que le juge peut dire au condamné : « On a le droit de te mettre à mort parce que jusqu’à maintenant c’est grâce à nous que tu as vécu » ? Mais alors, comme l’esclave, chacun de nous est sous la dépendance de ceux qui l’ont nourri et élevé comme le porcher engraisse les cochons avant de les saigner.

Et Moi, qu’est-ce que j’en pense ? Avec Stirner je dirai que le seul altruisme qui vaille est celui qui permet à l’individu d’exister sans les autres. Comme les parents qui élèvent leur progéniture dans le but de la rendre capable de vivre sans eux.

Le reste, c’est du bonus : Altruiste, moi ? Si je le veux bien !

No comments: