Monday, March 16, 2015

Citation du 17 mars 2015

Je ne sais si cela se peut ; mais je sais bien que cela est.
Molière – L'amour médecin

On rapporte qu'il (= Diogène le Cynique) toucha un mur pour prouver aux sophistes que le mouvement existait ; le mouvement se démontre en marchant depuis lors.
Diogène Laërce – Vie des philosophes illustres
Les faits sont têtus dit-on (1) : c’est même très humiliant pour ceux qui ont construit de très belles théories pour prouver qu’ils ne pouvaient se produire (qu’on songe aux théologiens face à Galilée). La parade consiste alors de construire d’autres discours pour modifier la perception des choses qui sont entrain d’apparaître. Mais rien ne sert de nier la réalité : elle continue d’être la même, quoiqu’on en dise. Marx dit, dans la 11ème  thèse sur Feuerbach : Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe c'est de le transformer.
o-o-o
Tout cela est bien connu, et il ne sert à rien d’ajouter l’évidence à l’évidence.
Quoique… N’y aurait-il pas un domaine où la fausse perception entraînerait la modification du réel ? Des évènements qui pourraient se produire simplement parce qu’on a dit qu’ils le devaient ? Vous l’avez déjà deviné, n’est-ce pas : il s’agit des prédictions auto-réalisatrices, celles qui déclenchent des réactions qui vont produire dans la réalité l’apparition du le fait annoncé.
C’est ainsi que cela se passe souvent dans le monde de la finance, lorsque tout le monde vend ses actions quand on prédit une catastrophe – d’où la catastrophe, justement. Mais il arrive aussi que cela produise l’inverse de ce qu’on espérait : quand Alexis Tsipras annonce qu’il va mettre les Marchés à genoux et rendre à la Nation sa souveraineté, les grecs, au lieu d’investir leurs économies de leur pays censé remis à flot, vont retirer leur argent des banques pour le mettre à l’abri – à l’étranger. Pas nouveau : un vieil adage boursier dit qu’il faut vendre au son de clairon et acheter au son du canon.
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(1) C’est Lénine qui le dit (voir ici) : il est vrai que les bolcheviks de 1917 n’avaient pas besoin de discours pour faire la révolution. Ils cognaient.

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