Thursday, January 15, 2015

Citation du 16 janvier 2015

Inconstance. Saturation chronique d'une aventure affective.
Ambrose Bierce Le dictionnaire du Diable
Saturation, subst. fém. – Au figuré : État d'une personne qui rejette par dégoût ou lassitude une chose dont elle a été trop largement abreuvée ou qu'elle a subie trop longtemps. Synon. rassasiement, satiété.
TLF
L’inconstance est un phénomène qui suit un mécanisme naturel – on pourrait penser à l’instabilité dont nous parlions hier. On peut ajouter que l’inconstance amoureuse dont on parle ici est simplement caractérisée par sa chronicité : ce qui prouve qu’en matière affective, on a affaire à des aventures successives qui produisent de la saturation : une seule fois par occurrence – mais à chaque fois. Façon de se rappeler la belle chanson de Brassens : il n’y a pas d’amour heureux. (1)
Alors qu’est-ce qu’on fait ?
- On dit à notre belle amie : « Chérie, je t’aime je t’adore comme si rien ne pouvait jamais nous séparer. Mais, vois-tu, l’amour, c’est comme le printemps : il ne dure pas toujours. Alors, viens ma douce, viens dans mes bras en profiter… »
- Ou alors on se jette à ses pieds pour lui dire : « Mon amour, je t’aime aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain. Ceux qui pensent que l’amour peut saturer se trompent. Ils ne savent pas que l’amour change, qu’il se développe d’étape en étape, que passé les premières effusions il se transforme en lien indéfectible unissant deux êtres qui, certes, ne se regardent plus l’un l’autre, mais qui en revanche regardent dans la même direction. Créons, ma chérie, le foyer, les enfants, l’œuvre qui nous occupera ensemble et nous liera pour la vie. »
Voilà : si votre douce vous a écouté jusqu’au bout, et si elle vous relève en vous disant : « Oui, mon amour c’est cela que je veux », alors vous avez la preuve que ce n’est pas seulement une aventure affective que vous vivez. Mais si par contre elle vous a interrompu en vous disant qu’elle était en retard pour faire les soldes, alors vous saurez qu’il n’y a pas que les hommes qui saturent.
Allez donc vous faire consoler par votre gentille voisine.
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(1) Poème d’Aragon, mise en musique de Brassens – A lire ici.

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