Wednesday, April 30, 2014

Citation du 1er mai 2014


- Contre l’esclavage salarié faisons sa fête au travail ! […]
Tract 1er mai 1970
- Travailleur, ne fête pas ton asservissement combat pour ton émancipation.
Tract 1er mai 2012



  

Conformément à sa tradition, La Citation-du-Jour s’abstient de tout commentaire le 1er mai.

Tuesday, April 29, 2014

Citation du 30 avril 2014



Le travail pense, la paresse songe.
Jules Renard – Journal
La paresse a du bon.
Pub Pulco



Commentaire II
La paresse songe : et alors ? N’est-ce pas une qualité de « songer » ? Et d’ailleurs, qu’est-ce que ça veut dire « songer », quand on ne lui ajoute pas un complément : songer à ceci ou songer à cela ? N’est-ce pas un piège, un peu justement comme la pensée quand on dit « l’Homme pense » : comme si ça voulait dire quelque chose quand on ne dit pas à quoi on pense ?
Il semble que Jules Renard veuille ici critiquer cette manière de penser « à bâtons rompus », qui musarde au cours de son cheminement, qui fait des zig-zags selon les circonstances ou selon notre fantaisie. Sans doute, pour J. Renard, songer c’est procéder par « association d’idées » comme disent les psychanalystes.
Cette conception est d’ailleurs partagée par Bergson, qui disait que l’homme d’action se reconnait à ce qu’il était capable justement de repousse ces idées ou ces souvenirs sans rapport avec la circonstance présente pour ne laisser apparaitre que ceux qui sont en rapport avec elle.
- Mais justement : la pensée ne se laisse pas réduire à l’action – du moins pas à celle qui consiste à mobiliser des moyens pour produire l’effet prévu. La pensée, c’est aussi la création d’idées, de représentations, d’images qui n’existaient pas pour nous l’instant d’avant, et dont nous ne pouvons dire comment nous avons pu les produire.
Si songer c’est cela, alors je veux pouvoir songer.
Si pour songer il faut paresser, alors la paresse a du bon.

Monday, April 28, 2014

Citation du 29 avril 2014



Le travail pense, la paresse songe.
Jules Renard – Journal
Commentaire I
La pensée, cette merveille qui fait de l’homme une créature unique, est aussi une puissante révélatrice de la nature humaine : c’est elle qui fait non seulement le sujet individuel (Je pense donc je suis), mais encore elle caractérise l’espèce : l’homme est un animal-pensant.
Seulement ce n’est pas tout. Car pour penser encore faut-il travailler, et non paresser : la paresse songe dit Jules Renard.
Qu’est-ce à dire ? Pas de pensée sans effort ? Et qu’apporte donc l’effort ? Une continuité orientée vers un but ? Un enchaînement efficace – donc logique ? Un résultat évaluable ?
Mais alors, question essentielle : à quel travail « songe » donc Jules Renard ? S’agit-il d’un travail spécifique à l’action de penser, ce que les philosophes entendent généralement quand ils parlent de « penser » comme d’une action propre à l’homme (dans le sillage de Descartes) ? Ou bien de ce qui accompagne tout travail, que ce soit celui du rat de bibliothèque – ou celui du terrassier ?
Et le terrassier, à quel moment pense-t-il ? Quand il manie sa pelle ou bien quand il reprend sa respiration, appuyé sur la manche de sa pelle ?
Quoiqu’il en soit, le travail spécifique à la pensée – nommons-le « travail intellectuel » –existe effectivement, car il engendre une fatigue bien particulière. C’est d’ailleurs  ce que les travailleurs manuels (comme par exemple les terrassiers) ont du mal à comprendre : comment peut-on être fatigué quand on a passé la journée entière assis sur sa chaise à gratter du papier (ou taper sur un clavier). Qu’est-ce que c’est que cette fatigue qui ne nous empêche pas d’aller courir 10 kilomètres en sortant du bureau ?
Il a fallu attendre jusqu’à aujourd’hui pour mieux comprendre ce qu’est la fatigue du cerveau, liée à la dépense de médiateurs chimiques qui ne se régénèrent que pendant le sommeil. Le cerveau est comme une pile qui se rechargerait la nuit et se déchargerait le jour.

Sunday, April 27, 2014

Citation du 28 avril 2014


Être esclave c’est être arraché à sa famille, à sa parenté, à ses amis et à son village, privé de son nom, de son identité et de sa dignité ; de tout ce qui fait de quelqu’un une personne et non une pure machine humaine capable de comprendre des ordres.
David Graeber – Dette : 5000 ans d’histoire
S’il y a quelque chose d’irritant chez les philosophes des lumières (Rousseau en tête), c’est l’abus qu’ils font du substantif « esclave » : les peuples sont esclaves des tyrans, certains hommes sont esclaves de leurs passions, les autres sont esclaves de leur paresse, etc… N’importe quoi, n’importe qui, en contrariant la nature humaine, en brimant sa spontanéité ou sa liberté suffit à faire un esclave.
La citation de David Graeber le rappelle : c’est beaucoup plus grave que cela. La notion d’esclavage n’est pas seulement  psychologique, pas seulement juridique, elle est aussi sociale.
1 – Ce dont est victime un esclave c’est d’être arraché à son milieu : famille, village, patrie.
2 – Ensuite, il est privé de son identité et puis également il cesse d’être une personne, c’est-à-dire un sujet de droit.
3 – Enfin, l’esclave est défini somme une machine qui comprends les ordres, et cette fois l’aliénation est métaphysique. C’est là qu’on rejoint les philosophes du 18ème siècle : en devenant esclave, l’homme cesse d’être homme.
Mais du coup on peut imaginer le progrès technique comme limitant voire même supprimant l’esclavage. Marx disait que la mule-jenny contribuait à abolir l’esclavage mieux que les traités de philosophie (1). Nul doute que l’ordinateur, en permettant à la machine de comprendre les ordres, devrait mettre fin aux dernières aliénations du travail.
Toutefois, quand on voit la condition des népalais sur les chantiers qataris, on se dit que même si le point 3) a disparu, les points 1) et 2) restent – et ça suffit bien.
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(1) « l’on ne peut abolir l’esclavage sans la machine à vapeur et la mule-jenny » (première machine à filer automatique).  (Marx, L’idéologie allemande)

Saturday, April 26, 2014

Citation du 27 avril 2014


Le cœur des mères se fond en douces caresses, en gâteries, en mille soins utiles et inutiles.
Jules Michelet – La Femme

Ah!...La Femme! Cette merveille que Dieu a mise aux côtés de l’Homme pour l’assister et l’aimer. Et qui lui procure le bonheur en douces caresses, en gâteries, en mille soins utiles et inutiles
Ainsi de Kate soulageant Harry qui éprouve un gros besoin juste au moment de leur mariage :

Mais, que vois-je ? Pourquoi cette petite fille se bouche-t-elle les oreilles ? Sans doute ne veut-elle pas entendre  les conseils que Harry donne à Kate pour accélérer l’opération (c’est vrai qu’il y a 500000 personnes sous le balcon à attendre qu’il soit prêt pour saluer le public).
Mais pourquoi cette enfant est-elle aussi scandalisée ?
- C’est que, selon elle, la femme avant d’être une épouse doit d’abord être une mère. Et c’est en lisant Michelet, qu’on peut le comprendre : la Femme, dès qu’elle a été près de l’Homme, s’est détournée de lui et a dit : « Ma mission sur  terre est d’être non une épouse, mais une mère. Les gâteries, ça sera pour les petits. Le bisou dans le cou en partant à l’école ; et les crêpes au Nutella pour le goûter ; et le câlin pour s’endormir le soir… »
… Et pendant ce temps-là, que fait Monsieur ?