Monday, March 31, 2014

Citation du 1er avril 2014


Google. Le moteur de recherche promet la création d'un moteur de recherche olfactif «Google nose»
le figaro.fr
… Vous êtes un geek animé du désir de perpétuer la tradition du canular de 1er avril. Vous pouvez bien sûr diffuser tweeter des infos comme celle-ci (n’oubliez pas de les attribuer à un site qui parait sérieux). Mais finalement c’est un peu casse-pied : vous ne verrez pas la mine déconfite de vos victimes quand elles vont réaliser que vous vous êtes payé leur tête.
J’ai donc réuni pour vous quelques blagues à faire à votre grand-mère quand vous irez la voir.
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- Mettre son clavier en QWERTY: Il suffit d’appuyer sur les touches SHIFT et ALT en même temps, idem pour revenir en AZERTY
- Inverser les boutons droite et gauche de la souris: Ça se passe dans la propriété de la souris sous Windows
- Coller un petit morceau de papier sous le laser de la souris.
- Inverser 2 claviers et 2 souris: Facile à faire quand 2 ordinateurs sont proches (bon, ça suppose que votre Grand’ collectionne les ordis – possible si vous l’avez persuadée qu’elle risquait de tomber en panne).
- Un grand classique : faire une copie d’écran du bureau avec ses icônes, mettre cette image en fond d’écran, et supprimer toutes les icônes du bureau. Imaginez votre grand-mère essayant de cliquer sur des icônes qui n’existent plus…
o-o-o
Voilà votre pauvre grand-mère qui fond en larmes : elle ne pourra plus voir son fils chéri qui ne lui apparait que par vidéo-Skype ! (il faut dire quand même qu’il habite à l’autre bout de la ville)…
Mais non !... Vous êtes encore là, et vous dites :
- Ne pleure pas Mamie chérie, je vais t’arranger ça. Regarde ! Maintenant ça marche !
Et voilà : votre Mamie vous aimera encore plus…
Merci La-Citation-du-Jour ! (1)
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(1) On aura reconnu dans cette formule un hommage posthume à la défunte équipe de Hara-Kiri.

Sunday, March 30, 2014

Citation du 31 mars 2014


…il faut considérer, par invincible préjugé, la guerre comme évitable, si l'on ne veut pas contribuer à la rendre inévitable. Ici est la foi, reine des vertus. Au contraire l'expression « prophète de malheur » a toute la force d'un pléonasme.
Alain – Mars ou la guerre jugée
Voilà une phrase qu’il faudrait méditer chaque matin avant d’allumer la radio ou d’ouvrir son journal : on aurait à peine à la transformer. Ça ferait : il faut considérer, par invincible préjugé, la crise économique comme évitable, si l'on ne veut pas contribuer à la rendre inévitable.
On peut en effet considérer que dans le domaine économique, il y a des prévisions auto-réalisatrices. A croire que la conjoncture va s’aggraver, on supprime les investissements, on licencie, on réduit le pouvoir d’achat – bref : en amenuisant les ressources de la demande, on crée les conditions pour que la crise s’aggrave au lieu de se réduire.
Ça, on le sait bien. Mais ce n’est pas seulement cela que dit Alain. Car il ajoute : Ici est la foi, reine des vertus. Si les prophètes sont toujours des prophètes de malheur, c’est que le malheur vient par la perte de la foi en l’avenir. Croyez la guerre inévitable (il écrit cela en 1917 il s’agit de la grande Guerre), renoncez à lutter contre elle et alors bien sûr, elle, qui n’était peut-être pas inévitable, va le devenir.
Précisons : la prophétie commence non pas essentiellement avec la découverte de l’avenir, mais avec la certitude que l’avenir est inéluctable, et donc qu’aucune action humaine ne saurait  le changer (1). Il faut alors, comme disent les stoïciens, se changer soi-même plutôt que vouloir changer l’ordre des choses.
Contre quoi il faut affirmer la force de l’utopie : c’est elle qui est reine des vertus.
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(1) C’est le fatalisme qui est visé ici. Mais seulement une certaine sorte de fatalisme : Inch’Allah ! disent les musulmans. Seulement, comme personne ne connait la volonté d’Allah, il faut faire comme si elle nous était favorable et agir en conséquence. C’est exactement le même raisonnement que font les catholiques qui croient en la prédestination.

Saturday, March 29, 2014

Citation du 30 mars 2014


Nous ne pouvons jamais juger la vie d'autrui, car chacun sait sa propre douleur, son propre renoncement. C'est une chose de penser que l'on est sur le bon chemin, une autre de croire que ce chemin est le seul.
Paulo Coelho
Deux idées pour le prix d’une :
1 – Inutile de prétendre juger le coût des choix opérés par autrui pour orienter sa vie : car chacun [ne] sait [que] sa propre douleur, [que] son propre renoncement
2 – Ne pas juger non plus qu’il s’est trompé parce qu’il a pris un autre chemin que  nous : c'est une chose de penser que l'on est sur le bon chemin, une autre de croire que ce chemin est le seul.
Si la première idée est relativement banale : après tout nous savons bien qu’il faut lutter en permanence contre la tendance à identifier les souffrances et les joies d’autrui aux nôtres (1) – en revanche on a plus de mal à croire que d’autres choix que les nôtres seraient également pertinents. Y a-t-il donc plus d’un bon chemin ?
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Pour s’orienter dans la vie nous faudrait-il un GPS comme celui de notre voiture ? Toutefois, pour qu’il nous indique le bon chemin – le seul bon chemin – encore faudrait-il lui donner les critères de ce choix : le plus rapide ? Le moins onéreux ? Avec ou sans péages ? Avec des villes-étapes ?
Réglons donc notre bio-GPS : accepterons-nous les autoroutes de la vie ? Voudrons-nous prendre les raccourcis ? Et les détours, en ferons-nous ? Il faut se décider, mais une fois cela fait, abandonnons-nous au guidage automatique.
Quoique… A la différence du GPS, nous souhaiterons peut-être faire ces choix non pas une fois pour toutes, mais à chaque instant – et même la direction finale, je peux parfaitement en changer en cours de route. Il peut même y avoir des déviations, je peux être réorienté sans l’avoir demandé sur une nouvelle route, avec une nouvelle direction et me déclarer satisfait avec ça.
Exemple ? Je rate mon concours d’entrée à Normale Sup’, mais voilà que je réussis le concours de percepteur : imprévu mais après tout n’est-ce pas une carrière qui fera mon bonheur plus surement que celle de Professeur (ou de directeur de cabinet du ministre) ?
- Reste que le GPS a quand même une supériorité sur nous : il sait à tout moment où nous sommes. Avec lui, impossible de se perdre, d’être comme dans la lointaine Bretagne sur une petite route qui va on ne sait où.
Quoique… Cette supériorité en est-elle une ? Voudriez-vous être bio-localisable comme vous êtes déjà géo-localisable ? Souhaiteriez-vous être en permanence informé de votre position sur le chemin de votre vie ?
« Au carrefour, prenez la deuxième sortie ; puis vous êtes arrivés à la fin de votre vie. »
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(1) On a coutume de valoriser l’empathie ; soit, mais elle peut être parfaitement illusoire.

Friday, March 28, 2014

Citation du 29 mars 2014


Il n'y a pas de vent favorable pour qui ne connaît pas son port.
Sénèque
Cette citation de Sénèque s’applique parfaitement à la recherche d’emploi, qui requiert, en plus d’une certaine disponibilité, de la méthode, de la conviction et une parfaite maîtrise des techniques appropriées
apecita (l’emploi agri-agro)
Cette citation de apecita agri-agro est un beau compliment pour la culture latine, puisqu’il semble qu’on ne puisse absolument pas se passer de Sénèque, même pour vendre du coaching en recherche d’emploi. Bien entendu, il ne faudrait quand même pas s’attendre à ce qu’en plus Sénèque soit correctement compris et utilisé.
Car bien sûr, personne ne s’y trompe : pour connaitre le port, il n’est nul besoin de connaitre une technique que apecita agri-agro puisse vendre. En revanche une fois le port identifié, savoir comment faire pour y entrer, ça oui : ça suppose une technique. Mais, peut-elle se vendre ?
Voyons cela de plus près :
On l’a dit, l’important pour un stoïcien comme Sénèque, ce n’est pas la technique, c’est d’abord le choix de la valeur qui oriente notre vie. C’est ça qu’il faut faire avec soin ; c’est pour cela que la sagesse est si indispensable. Mais nul besoin de technique pour y arriver – ou si peu. Savoir ce qui est bon, ce qui est en notre puissance, etc. : certes, pour tout cela il faut acquérir un savoir. Mais c’est un savoir très mince – je dirais même qu’il est invendable tant il est évident. Par contre, ce qui est long, difficile à obtenir, c’est de forger notre âme afin de la rendre capable de suivre ce chemin. 
Et c’est là que Sénèque (ou n’importe quel stoïcien) dénoncerait les techniques de apecita agri-agro comme charlatanisme : la parfaite maitrise de soi ne relève pas de techniques, mais d’une lente maturation qu’on appelle la conversion morale.
C’est gratuit – mais ça coûte beaucoup.

Thursday, March 27, 2014

Citation du 28 mars 2014


L'homme est incapable de vivre seul, et il est incapable aussi de vivre en société.
Georges Duhamel
J'entends ici par antagonisme l'insociable sociabilité  des hommes, c'est-à-dire leur inclination à entrer en société, inclination qui est cependant doublée d'une répulsion générale à le faire, menaçant constamment de désagréger cette société.
Kant – Idée d’une histoire universelle du point de vue cosmopolitique
Duhamel aime le paradoxe constitué par  une formule bien cinglante – en revanche il plante le lecteur au milieu du gué : comment va-t-il en sortir ? Mystère…
Ce paradoxe est développé et expliqué par Kant : c’est bien le moins qu’on puisse attendre du philosophe, qui a pour but d’enrichir notre esprit au lieu se comporter comme le picador avec le taureau.
Ce développement de Kant (qu’on peut lire ici) consiste à observer que les hommes aiment dominer les autres hommes ; mais ils savent que ceux-ci sont comme eux. Du coup, si chacun a besoin des autres pour avoir quelqu’un à dominer, chacun préfèrerait aussi vivre seul plutôt que d’être assujetti au pouvoir des autres.
Toutefois, comme l’observe Duhamel, la société existe bel et bien : comment est-ce possible ?
La réponse est dans le mécanisme de l’insociable sociabilité.
Alors que dans le cas de l’amitié selon Schopenhauer ce mécanisme d’attraction-répulsion entraîne un équilibre stable (1), chez Kant le même mécanisme amène à un état très instable qui exige un perpétuel rééquilibrage. Le pouvoir sur l’autre n’est jamais totalement acquis, et l’espoir de le reconquérir fait que le dominé continue de lutter au lieu de se réfugier dans la résignation. Du coup la société toute entière est fécondée par cette compétition agressive qui est éminemment productrice de richesses. On reconnait alors l’influence de Mandeville et de sa Fable des abeilles (2).
o-o-o
Que peut-on en conclure ? Au moins ceci : que le libéralisme impliqué dans cette cruelle disposition de l’être humain à faire son profit du malheur des autres relève d’une croyance en une certaine nature humaine : que certains considèreront comme un défaut, mais que Kant, avec son invincible optimisme attribue à une salutaire disposition de la Nature désireuse de stimuler le progrès de l’humanité.
Ajoutons qu’à l’exact opposé de ce libéralisme on trouve l’anarchie qui croit elle aussi à l’existence d’une nature humaine ; par contre elle serait selon eux faite de bonté – et corrompue seulement par la loi de l’Etat.
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(1) La fable des hérissons est racontée par Schopenhauer et on la trouve ici
(2) Après les hérissons, les abeilles… Une ruche qui symbolise la société humaine est prospère tant que durent les vices des abeilles jalouses et agressives ; par contre elle périclite quand ces mêmes abeilles deviennent miraculeusement vertueuses. A lire ici.