Friday, January 31, 2014

Citation du 1er février 2014



Mondialisation : de nouvelles fêtes sont venues se greffer sur notre calendrier : la Saint-Patrick, le Ramadan, Halloween, le nouvel an chinois…
En l’honneur de l’année du Cheval de bois, la Citation-du-Jour vous propose ce florilège de citations consacrées au cheval (1) :

Dangereux devant et derrière.
Inconfortable au milieu.
Sir Winston Churchill
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Pour bon que soit un cheval, encore faut-il des éperons.
Proverbe Anglais
o-o-o
Un éperon dans la tête en vaut deux aux talons.
Proverbe Anglais
o-o-o
Je préfère un vélo à un cheval, les freins sont plus faciles à vérifier.
Lambert Jeffreys
o-o-o
A la mémoire reconnaissante et respectueuse des quelques 375000 chevaux de l’Empire qui tombèrent à la Grande Guerre (1914-1918). Ils moururent avec obéissance et souvent douloureusement.
Memorial en l’église de Saint Jude, Londres
o-o-o
Le chanceux perd sa femme, le malchanceux perd son cheval.
Proverbes Géorgiens
o-o-o
Voilà – Peut-être certains diront que je profite de ce dimanche pour paresser en me repliant derrière des citations de citations.
Que nenni ! Voici la citation du philosophe :

L’homme n’aura jamais la perfection du cheval
Spinoza – Ethique Livre 4 Préface
A vrai dire j’ai hésité à recopier cette citation, car je ne l’ai pas retrouvée littéralement. Certaines source la donnent d’ailleurs comme issue du Traité théologico-politique – je n’y crois pas. En revanche la préface du livre 4 de l’Ethique dit explicitement que si le cheval devenait un homme ou un homme un cheval, chacun cesserait du coup d’exister, le cheval comme cheval et l’homme comme homme.
Vous me suivez ? Non ?
--> Traduction : l’homme n’aura jamais la perfection du cheval, mais il n’en a rien à faire, parce qu’étant homme il n’a pas à être comparé à un cheval.
Point barre.
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(1) A retrouver ici


Thursday, January 30, 2014

Citation du 31 janvier 2014



L'avenir, fantôme aux mains vides, /  Qui promet tout et qui n'a rien !
Victor Hugo – Les voix intérieures: Les rayons et les ombres
Peut-être, en ce dernier jour de janvier est-il encore temps de réfléchir aux promesses que nous  nous sommes faites pour l’année 2014, et aux vœux que nous avons formulés pour nos proches.
A supposer que tout cela soit sincère, on admettra que ça suppose que l’avenir soit déjà écrit sans qu’on le sache, un peu comme lorsque nous achetons un truc-à-gratter, nous espérons que le lot gagnant soit déjà là, masqué par le cache.
2014 serait donc déjà « programmée », avec son lot de bonnes et de mauvaises choses, qui sortent les unes après les autres du sac où elles sont enfouies ? Il n’y aurait plus qu’à formuler des vœux dont on espère qu’ils seront entendus là où ça doit l’être ? Les gens un peu plus rationnels iront quand même brûler un cierge à qui-de-droit
Superstition ? Évidemment, parce que l’avenir n’est rien sauf notre espérance. La quelle est enracinée dans le présent – et si elle est incapable d’agir sur le futur c’est justement parce qu’elle n’existe que dans le présent de l’espoir.
o-o-o
Une autre remarque encore : selon Hugo, l’avenir est caractérisé par le fait qu’il promette tout alors qu’il n’a rien.
Et si c’était là une caractéristique générale ? Et si ceux qui nous promettent tout étaient justement ceux qui n’ont rien à nous donner ? Si l’honnêteté consistait à limiter ce qu’on peut promettre, parce que personne n’a jamais « tout » ?
Face à l’honnête artisan qui détaille son devis en n’y mettant que ce qu’il est effectivement capable de réaliser, vous avez l’escroc qui endort votre méfiance pour mieux vous plumer :
- Retraite à 58 ans ? C’est possible : les patrons paieront. Le plein emploi ? Facile ! Il suffit de jeter dehors les étrangers. Réduire le chômage ? Faisons un pacte avec les Entreprises…
Il n’y a pas que l'avenir, qui soit un fantôme aux mains vides.

Wednesday, January 29, 2014

Citation du 30 janvier 2014


 Demander la main d'une jeune fille, signifie demander l'autorisation de lui passer la bague au doigt.
L’Internaute
Prendre la main d’une jeune fille signifie l’épouser et lui donc passer la bague au doigt.
On pourrait dire aussi que, si on demande sa main, c’est pour la guider dans la vie.
Simple.
Sauf que bien des observateurs ont conclu que le fiancé prend possession de la main de la jeune femme essentiellement pour la détourner  de son rôle protecteur. Auto-protecteur même.
=> Prendre la main de la fiancée c’est s’ouvrir l’accès à son sexe – car c’est cela qu’elle protégeait.
Vous êtes dubitatif ? Regardez plutôt :

Manet – Olympia (détail)
Cette femme à l’allure décidée a la main posée bien à plat sur son bas ventre. S’agit-il d’un artifice du peintre pour ne pas avoir à représenter le sexe défendu ? Peut-être, mais pas seulement. Bien posée, doigts écartés, elle est là pour interdire aux intrus d’accéder à sa grotte de Vénus.
Un autre exemple ?


Giorgione – Vénus endormie (détail)
La belle déesse, pour protéger son corps alangui par le sommeil, a posé sa main sur son ventre afin d’en interdire l’accès, doigts insinués entre ses cuisses pour être au plus proche du sexe.
… Mais peut-être est-ce que le sommeil l’a surprise au moment où elle se prodiguait des attouchements voluptueux ?
Comme ici :

Botticelli Vénus et Mars
Pendant que le Beau Dieu dort profondément, que fait Vénus ? Elle le regarde, certes. Mais aussi voyez son index, comme il s’insinue dans l’étoffe légère de sa robe, juste à l’endroit du délice…
Pas vu ? Regardez mieux :

Bref, le soupirant qui demande la main de sa belle a quand même une petite idée de ce qu’il se propose de faire à partir de là.

Tuesday, January 28, 2014

Citation du 29 janvier 2014


Il est d'ailleurs évident et incontestable que l'inconstance en amour n'existe qu'à cause de la diversité des figures. Si on ne les voyait pas, l'homme se conserverait toujours amoureux constant de la première qui lui aurait plu.
Casanova – Histoire de ma vie

Au moment où j’écrivais ces lignes, la nouvelle de la répudiation de la 1ère Favorite n’était pas parvenue. Qu’elle se console donc : nous ne sommes plus à l’époque de Louis XIV, et elle ne finira pas sa vie au couvent.

Ah ! Mesdames… Je vous sens inquiètes pour notre (ex)-première-dame :
- Pauvre Valérie, pauvre femme victime de l’inconstance des hommes ! Quelle injustice quand on sait quelle somme d’abnégation il lui a fallu pour persévérer aux côtés de son « homme-politique » !
Cessez de pleurnicher s’il vous plait. Sachez que l’homme qui quitte sa femme pour se jeter dans les bras d’une autre est peut-être inconstant – mais il n’est pas coupable.
Ecoutez Casanova, mesdames ; lui sait ce qu’est l’inconstance amoureuse, et il en connait l’origine : l'inconstance en amour n'existe qu'à cause de la diversité des figures. L’homme inconstant ne l’est que parce qu’une nouvelle femme, plus belle et plus désirable que la sienne a croisé son chemin – il la désire ! Si sa compagne avait été la plus belle de tout l’univers, il ne l’aurait même pas regardée.
(Bien entendu la parité est respectée : le même raisonnement s’applique également aux femmes infidèles.)
On sera donc encore plus triste du sort réservé à l’épouse abandonnée : non seulement la voici esseulée, mais encore avec la certitude d’être plus moche que sa rivale : sort cruel !
Mais non ! Casanova nous parle de la diversité des figures : en amour le désir est désir de l’inconnu – et cet attrait de l’inconnu et de la découverte, c’est l’espoir non du mieux, mais du différent : c’est ça qui excite. Le désir est affuté par l’écran qui cache : qui sait ce qu’il y a sous ce caraco ?
L’épouse abandonnée n’a qu’un défaut : celui de ne plus avoir de mystère pour son mari. …Quoique… Le désir qui s’émousse est désir du corps : ceci ne s’applique qu’au soyeux de la chevelure, qu’au grain de la peau, qu’aux replis des muqueuses – et non pas au secrets de l’âme. Car là aussi, le mystère peut être total : quel est ce  secret qui se cache dans le regard de cette femme croisée au coin de la rue ? (1)
Pourtant, la femme aimée depuis longtemps peut, elle aussi, porter encore et toujours ce mystère de l’âme.
Mais ça, Casanova ne pouvait pas le deviner, parce qu’il ne restait jamais assez longtemps aux côtés de la même femme.
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(1) Surtout quand cette femme s’appelle Lauren Bacall ou Charlotte Rampling


Monday, January 27, 2014

Citation du 28 janvier 2014



Vous ne prêterez à usure à votre frère ni de l'argent, ni du grain, ni quelque autre chose que ce soit, mais seulement aux étrangers.
Deutéronome. XXIII, 19
Après avoir lu mon Post d’hier, j’en ai entendu qui ricanaient :
- Tu nous amuses, disaient-ils, avec tes grands airs : tu n’es qu’un faux théologien. Nous, nous l’avons lue, la Bible, et nous savons ce qu’il y est écrit : Vous ne prêterez à usure à votre frère ni de l'argent, ni du grain, ni quelque autre chose que ce soit, mais seulement aux étrangers. Donc on peut imposer des taux usuraires sans commettre de péché, à condition qu’on le fasse pour des gens avec qui nous n’avons aucun engagement, comme les étrangers.
(Rappelons que les prêts à gage, interdits par les Papes au Moyen-Age, étaient pourtant tolérés dès lors que ceux à qui on consentait le prêt étaient des hérétiques. Les juifs pouvaient prêter aux chrétiens parce qu’ils n’étaient pas juifs ; les chrétiens pouvaient prêter aux juifs parce qu’ils n’étaient pas chrétiens. Voir ici)
- J’avoue avoir été troublé par ce passage du Deutéronome. Lorsque j’avais cité ce passage (en juin 2012), j’avais prudemment contourné le problème. Car enfin, quelle différence faire entre mon frère et un étranger ? Tous les deux sont des enfants de Dieu, ce que je dois à l’un, je le dois à l’autre – la charité pour l’un implique la charité pour l’autre.
… Sauf que le Deutéronome contient les lois énoncées par Moïse pour son peuple. Autrement dit, le Deutéronome énonce les lois destinées aux Hébreux, peuple élu, et pas aux autres peuples. Façon de dire aussi que ceux qui considèrent l’ancien testament comme l’annonce des Evangiles vont un peu vite en besogne – mais c’est aux théologiens de répondre, et non au philosophe.
Le philosophe n’a en effet dans sa besace que la notion de justice conventionnelle (c’est à dire de droit positif), ainsi que le montre Epicure dans ses Trois maximes :
« La justice et l’injustice n’existent pas par rapport aux être qui n’ont pas pu conclure un tel pacte [de non-agression]. Elle n’existe donc pas non plus par rapport aux peuples qui n’ont pas voulu conclure de tels pactes en vue de ne pas causer et de ne pas subir de dommages » (Epicure – Maxime 32)
Donc :
            1 – La justice n’existe que dans le cadre de lois qui définissent le juste et l’injuste.
            2 – Ces lois ne sont pas naturelles, mais conventionnelles ; elles supposent un pacte entre les hommes.
            3 – De ce fait il n’y a rien qui soit injuste dans ce que nous ferons aux peuples avec qui nous n’avons conclu aucune de ces pactes. Quand Hitler a déclaré la guerre à l’Angleterre et à la France, il n’a commis aucune injustice. Par contre quand il a envahi l’URSS au mépris du pacte de non-agression signé entre les deux pays, là, c’en était une.
o-o-o
… De toute façon, ceux qui pensent que la loi du profit est une disposition qui justifie la politique tarifaire des marchés financiers se fatiguent pour rien. Ils n’ont besoin d’aucune justification. Il suffit qu’ils soient les plus forts.