Saturday, August 30, 2014

Citation du 31 août 2014


L’amour est une infidélité envers soi-même.
Stéphane Mallarmé

Autrement dit : l’amour de soi est le premier et le plus grand amour. L’amour porté à autrui est détourné de son objet le plus légitime : nous-mêmes. C’est presque « du La Rochefoucauld ».
Admettons. Restent deux questions :
            1 – En s’aimant soi-même, qu’aime-t-on ?
            2 – En aimant quelqu’un d’autre est-on nécessairement infidèle à l’amour qu’on se porte ?
Commençons par le plus facile : on peut être fidèle à soi-même en aimant autrui contrairement à ce que dit notre poète. Et ça de plusieurs façons :
            - soit en aimant quelqu’un qui nous admire sans restriction : un(e) groupie.
            - soit en trouvant dans l’autre un reflet exact de ce que nous sommes. Ou si cela est impensable, quelqu’un qui prolonge ou qui annonce notre propre personne. Simone de Beauvoir disait dans les Mémoires d’une jeune fille rangée qu’elle avait trouvé en Sartre ses propres passions portées à l’incandescence.
            - soit en devenant ce qu’on veut être, au-delà de ce qu’on pourrait si on restait seul, en suivant, dans cette personne que nous aimons, notre inaccessible étoile. Souvent ce rôle est attribué à l’égérie de l’artiste.
o-o-o
On peut alors tenter un début de réponse à notre première question : En s’aimant soi-même, qu’aime-t-on ?
On devine en effet qu’il y a deux sortes d’amour de soi :
            - L’un qui est du narcissisme pur et simple. La groupie fait alors très bien l’affaire, et sa présence ne porte pas ombrage à cet amour égoïste de soi – bien au contraire. (1)
            - L’autre consiste à estimer que l’on ne peut être sans la personne que l’on aime.
Il ne s’agit pas du tout de dire que l’on forme un « être-à-deux » mais bien que c’est en prenant appui sur l’autre qu’on pourra se hisser vers soi-même. Même si l’exercice parait un peu curieux, c’est bien de cette façon que peuvent se décrire les choses.
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(1) On évoque souvent le sort funeste d’Alma Mahler qui sacrifia sa carrière de compositrice par amour pour son mari, Gustav Mahler. « En épousant Mahler, il est convenu qu'elle doit abandonner ses propres aspirations artistiques en musique et en peinture. » lit-on dans l’article que Wiki lui consacre.

3 comments:

Ba Char said...

Tout homme est infidèle. L'infidèlité est humaine.

Ba char said...

L'infid(è)lité c'est comme l'erreur : l'accent, c'était pour attirer votre attention ! Nous sommes encore loin de l'amour.

Anonymous said...

"Tout le monde est infidèle"
Entretien entre Françoise Sagan et
André Halimi.