Sunday, July 27, 2014

Citation du 28 juillet 2014



L’enfant conçu ou né pendant le mariage a pour père le mari.
Article 312 du Code civil
L'irréfragabilité rend irrecevable l'offre d'administrer la preuve contraire : ainsi de la paternité lors de la naissance d’un enfant né durant un mariage (entre époux de sexes différents).
Dictionnaire juridique en ligne (Article Irréfragabilité)

Deux sujets d’étonnements : d’une part que la paternité soit incontestable ; de l’autre qu’il existe des vérités irréfragables : la preuve du contraire, quand bien même on pourrait l’exhiber est irrecevable.
C’est cela qui m’intéresse : il est défendu de fournir une preuve même quand on en aurait une, au point qu’il était impossible de contester la paternité dès lors qu’on était l’époux légal de la mère (1). Et même si les tests de paternité par analyse d’ADN ont changé un peu la donne, il reste que la loi encadre strictement la recherche de paternité.
o-o-o
N’y a-t-il pas un scandale épouvantable à refuser le droit de contester une affirmation, voire même à en démontrer la fausseté ? C’est quand même ce qui nous scandalise dans l’affaire Galilée, condamné pour avoir fourni la preuve que la terre tournait autour du soleil et qu’il y avait des montagnes sur la lune, parce que c’était contraire aux vérités irréfragables de la Révélation (2).
Le seul moyen de faire valoir une telle prétention de la vérité à être inexpugnable est de dire qu’elle est l’effet du jugement de celui qui a l’autorité pour l’énoncer. C’est ce qu’on appelle la vérité juridique : est vrai ce que le juge a dit. Aucune vérité n’existe avant le verdict et s’il est interdit de le commenter, c’est justement parce qu’il est défendu de le contester (3).
Le mode d’existence de cette vérité ressemble à ce que nous disions (il y a peu) de la vérité de témoignage : c’est l’autorité de la source qui importe.
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(1) On disait autrefois : la mère c’est la femme qui a accouché de l’enfant : le père, c’est l’homme qui a épousé la mère.
(2) C’était aussi – et surtout – contraire à la physique aristotélicienne qui paraissait à l’époque être la seule compatible avec la Bible.
(3) Il s’agit de faire de nos juges les derniers « maitres de vérité » tels que Marcel Détienne les décrivait dans la Grèce antique. Pour une très enrichissante discussion de la vérité juridique, voir cet article de Jean-Cassien Billier Vérité et vérité judiciaire, ici

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