Monday, April 07, 2014

Citation du 8 avril 2014



Oignez vilain il vous poindra, poignez vilain il vous oindra. («Flattez vilain, il vous piquera ; piquez vilain, il vous flattera »)
Rabelais, Gargantua, chapitre 32
Cet adage est plus convenable qu'un autre, bien plus ancien et donc bien plus rude dans sa forme : "Oigniez a mastin [domestique] le cul, il vous chiera en la paume ".
Commentaire à propos de l’affaire Leonarda
1 – Cet adage nous est rappelé par un commentateur politique moderne, qui critique ainsi François Hollande pour son attitude dans l’affaire Leonarda. Voyez comment on considère la jeune roumaine dans notre pays … dit « pays des droits de l’homme » : à croire que les Roms n’en sont pas.
--> On en pensera ce qu’on en voudra ; reste que Rabelais manie ici la litote – ce qui est sans doute une surprise
2 – Maintenant, n’oublions pas le contexte du chapitre 32 du Gargantua : nous sommes au début de la guerre picrocholine, et le traitre Toucquedillon excite Picrochole par ses propos venimeux. Alors que Grandgousier avec magnanimité avait voulu, en dédommageant les fouaciers, éviter la guerre, il ne récolte que mépris et menaces. (1) Situation que Rabelais commente ainsi : « Voilà ce que c’est, les bons traitements et la familiarité que vous leur avez précédemment témoignée vous ont rendu méprisables à leurs yeux : flattez vilain, il vous piquera ; piquez vilain, il vous flattera. » (Translation en français moderne – Pour le texte original voir ici)
--> Pour avoir la paix il ne suffit pas d’être pacifiste.
3 – On arrive alors à une idée plus évidente et qui est en même temps beaucoup plus générale : il est vrai que la générosité et la familiarité peuvent se retourner contre leur auteur en étant comprises non pour ce qu’elles sont – une pure bonté – mais plutôt comme signe de faiblesse et de médiocrité. Toutefois il s’agit ne pas de les exclure, mais plutôt d’adapter sa conduite à ceux envers qui on l’adopte.
Le principe à retenir est donc le suivant : quelles que soient nos intentions, nous devons savoir que notre conduite sera interprétée selon la nature des gens qui en sont les destinataires. C’est de cette interprétation qu’il faut tenir compte. On dit que cela n’est plus aujourd’hui que l’affaire des « communicants » ; ai-je bien compris ?
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(1) « …Picrochole ne répondit rien d’autre que ces mots : « Venez les quérir,  venez les quérir (les fouaces) ! Ils (= mes gens) ont belle couille et mole. Ils vont vous en broyer de la fouace ! » »
- A noter le jeu de mot : Mole signifie « la meule » et Couille peut aussi vouloir dire « le mortier ».

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