Friday, March 07, 2014

Citation du 8 mars 2014



… si l’homme et la femme veulent jouir l’un de l’autre réciproquement en fonction de leurs facultés sexuelles, ils doivent nécessairement se marier et ceci est nécessaire d’après les lois juridiques de la raison pure.
Kant – Doctrine du droit, §24
Quand on convoque les lois juridiques de la raison pure, ça intimide : qui donc osera y contredire ?
Déjà, il faut savoir que – selon Kant – le mariage pour être conforme à ces lois implique un don total, non seulement de ses biens, mais aussi de sa personne à l’autre. Don qui doit être sans conditions ni limites dans le temps.
D’où impossibilité de réduire la condition du mariage à la procréation, sans quoi il serait dissout dès lors que celle-ci deviendrait impossible (comme après la ménopause de la femme). Le mariage est donc caractérisé par la jouissance sexuelle commune entre les époux.
Seulement faire de l’union charnelle un acte conforme aux lois de la raison pratique est un paradoxe, car on sait que pour Kant, la jouissance sexuelle revient à traiter son corps comme une chose – entendez : comme un instrument pour son plaisir – ce qui contredit à la dignité humaine.
- Viens baiser chérie, j’ai envie… Ça ne marche pas comme ça, parce que je ne puis considérer mon épouse comme un instrument de jouissance sexuelle sans la dégrader à n’être que ça.
La solution est – en fonction de ce qu’on a dit plus haut sur le don nuptial – qu’en se donnant à l’autre, on ne se donne pas simplement comme instrument de plaisir, on se donne entier c’est-à-dire comme l’être total que nous sommes (et bien sûr c’est ainsi que nous recevons le don de notre époux-épouse). Le mariage étant le fait de se donner en totalité à l’autre – on ne peut dissocier le sexe du reste de la personne toute entière
- Chérie j’ai envie… que tu te donnes à moi toute entière, et pendant ce temps, tu recevras de moi ce membre par le quel je te donnerai ma personne toute entière… (1)
Bon : voilà la contribution de Kant à la Journée de la femme. Je vous ai évité le pire…(2)
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(1) Concrètement, voilà ce que dit Kant : « Mais l’acquisition d’un membre en l’homme est en même temps acquisition de la personne toute entière, car celle-ci est unité absolue ; il s’en suit que l’offre et l’acceptation d’un sexe pour la jouissance d’un autre ne sont pas seulement admissibles sous la condition du  mariage, mais qu’elles ne sont possibles que sous cette unique condition. » Kant – Doctrine du droit, § 25
(2) « Dans le progrès de la civilisation, la supériorité d’un élément doit s’établir de façon hétérogène : l’homme doit être supérieur à la femme par la force corporelle et le courage, la femme par la faculté naturelle de se soumettre à l’inclination que l’homme a pour elle… »
Kant – Anthropologie du point de vue pragmatique 2ème partie, B – Le caractère du sexe

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