Saturday, September 17, 2011

Citation du 18 septembre 2011

A mauvais payeur, mauvaises garanties.

Homère – Odyssée

Homère… N’était-il pas grec ? Les mauvais payeurs, il devait s’y connaitre, n’est-ce pas ?

Trêve de plaisanterie et d’allusions, allons droit au but : ce qu’on doit surveiller, selon Homère, ce n’est pas seulement la dette, mais aussi la garantie de la dette.

Et aujourd’hui ? On s’indigne que la Finlande exige, pour participer au Fonds Européen de soutien à la Grèce, que celle-ci dépose une garantie qui serait sans doute prélevé… sur l’emprunt lui-même. Du genre « Je vous prête 1000 euros, mais vous déposez une somme équivalente dans mes coffres pour en garantir le remboursement. »

Ridicule ? Oui, bien sûr, mais alors, quelle garantie exiger ?

Une réponse bien connue se trouve dans le Marchand de Venise de Shakespeare, où l’on voit l’usurier Shylock exiger d’Antonio, son emprunteur, la garantie qu’il se laissera prélever une livre de chair s’il ne lui rembourse pas son argent.

L’idée est bizarre ? Mais quand même pas si bizarre que ça : outre les expressions telles que « Ça coute un bras » qu’on trouve en ce moment dans les publicités (1), rappelons-nous de la contrainte par corps qui a eu cours bien longtemps, et au terme de laquelle les mauvais payeurs étaient emprisonnés, et dans certains cas devaient même travailler pour leur créancier.

Seulement, voilà : la prison pour dette, ça fait longtemps qu’on l’a supprimée, et même que, quand on l’a fait, on a eu l’impression que c’était un grand progrès de la démocratie.

Reste donc la possibilité pour l’emprunteur d’hypothéquer ses biens s’il en a, et de mourir de faim s’il n’en a pas.

Ce qui nous étonne aujourd’hui, c’est de voir qu’il peut se passer au niveau des Etats ce qui se passe depuis longtemps au niveau des individus ; les huissiers du FMI de la BCE et de l’UE vont frapper à la porte de la Grèce :

- Payez-nous ou bien vendez quelques une de vos îles de la mer Egée – à moins que vous ne préfériez nous laisser emporter le Parthénon !

…Rêvons un peu : si Shakespeare était encore de ce monde il ajouterait :

- Ou alors, livrez-nous 150 vierges d’ici décembre, et autant si vous ne payez toujours pas en février prochain.

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(1) Références : les amateurs de pub trouveront leur contentement ici, ceux de la sémantique ici, et les inconditionnels de l’humour alsacien .

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