Saturday, November 07, 2009

Citation du 8 novembre 2009

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Il fallait même […] toute ma douceur naturelle pour m'empêcher de chercher le retour du même traitement [= la fessée] en le méritant; car j'avais trouvé dans la douleur, dans la honte même, un mélange de sensualité qui m'avait laissé plus de désir que de crainte de l'éprouver derechef par la même main.
Jean-Jacques Rousseau – Les confessions – livre 1
Ah !... La fessée… Symbole de l’humiliation, manifestation brutale de l’autorité des parents, elle est aujourd’hui interdite dans de nombreux pays, sauf bien sûr entre adultes consentants…
Justement, c’est cette ambivalence de la fessée qui est clairement décrite par Jean-Jacques Rousseau dans le si célèbre épisode de la fessée dans les Confessions (que nous avions évoqué il y a presque un an – voyez ici). Si vous avez la flemme de lire ce texte qu’on trouve partout sur le Net comme exercice pour le bac de français (1), rappelons que le petit Jean-Jacques (8 ans quand même) est élevé par mademoiselle Lambercier (30 ans seulement) qui supplée la maman morte en couches. Quand elle flanque une fessée à notre futur philosophe, celui-ci éprouve un émoi érotique qui le conduit à réitérer ses bêtises pour renouveler la punition.
A n’en pas douter, le fessée reçue par le petit Jean-Jacques lui a procuré une jouissance d’ordre sexuel : il n’a que 8 ans mais il est sans doute déjà assez précoce pour que mademoiselle Lambercier s’aperçoive de visu de l’émoi érotique procuré par ce traitement.
Il en a résulté une orientation de sa vie sexuelle qui lui est restée pour la vie : si vous avez la patience de lire les Confessions un peu plus loin (2) vous verrez comme Rousseau devenu homme mûr tombe raide dingue de Sophie d’Houdetot quand il la voit descendre de cheval avec ses bottes – on imagine la cravache….
Mais si on s’en tient à ce que notre tradition éducative nous a transmis, on se dit qu’il faudrait peut-être rétablir le droit à la fessée. Voyez donc ce dessin de Sempé : une bonne fessée, ça forge me caractère.

(1) Non, mais vous vous rendez compte ? C’est ça qu’on prétend faire lire à nos chers enfants ? C’est à méditer là-dessus qu’on prétend les juger ?
(2) Rousseau – Confessions livre IX

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