Thursday, May 31, 2007

Citation du 1er juin 2007

Abolir la dualité des sexes est une crainte de l'imaginaire démocratique, hier avec la citoyenneté des femmes, aujourd'hui avec le pacte de solidarité.

Geneviève Fraisse

Alors on y revient à cette citation. Mais cette fois sur la première partie : la citoyenneté des femmes comme tentative pour abolir la dualité des sexes. Comment cela va-t-il s’articuler ?

1 - Aux armes citoyennes ! J’ai montré dans mon Post du 24 janvier 2006 que la militarisation citoyenne avait servi de caution au refus d’admettre les femmes à la citoyenneté active (on se rappelle en effet que le concept de citoyenneté passive avait été forgée pour justifier le refus d’accorder le suffrage universel à ceux qui ne payaient pas l’impôt). Les femmes sont conçues comme définitivement différentes des hommes et c’est pour ça qu’on n’en veut pas comme « concitoyennes ».

2 - Depuis … longtemps ( ?), les femmes sont aussi considérées comme étant différentes des hommes parce que la raison est chez elles subordonnée à l’affectivité. Si l’homme se définit comme un « animal raisonnable », alors les femmes ne sont pas hommes de la même façon - ou pas au même degré (Me tapez pas ! Aïe ! Pas sur la tête !)

3 - Au sortir de ces balbutiements des Lumières démocratiques, on a fini par reconnaître que les femmes sont comme les hommes et que donc elles sont citoyennes au même titre - citoyenneté reconnue et concrétisée par le droit de vote. Mais du coup, on a nié toute différence entre femmes et hommes. On est dans la vision républicaine de l’homme-générique, de l’homme universel, identique en tous les cas, qu’il soit blanc, noir ou jaune ; masculin ou féminin. Egalité signifie identité.

4 - Ouf ! On en arrive enfin à l’idée de Geneviève : tout ça, c’est une invention, résultant de la peur de la différence des sexes : entendez, le peur des hommes devant l’être-différent de la femme. Et la citoyenneté a servi à masquer cette différence en la recouvrant par l’affirmation de l’unité du corps politique.

5 - Double conclusion : la première est qu’on a affaire ici à une illusion. La citoyenneté ne change rien du tout ; elle est un droit qui ne nous dit rien de la nature se celui (ou de celle) qui en jouit. Le corps politique n’a rien à voir avec le corps physique.

Ensuite la crainte de la dualité des sexes est phobique ; ce qui veut dire qu’elle résulte d’un transfert symbolique d’une situation traumatique individuelle donc concrète, sur une catégorie d’individus. La peur de la mère - la marâtre - devient alors la phobie de la nature féminine. Peur qui induit le rejet, la mise à l’écart, donc l’ignorance, l’incompréhension.

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